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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/111

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princesses de science

souliers portant deux pièces cousues sur les orteils, elle sourit à son amie, et, dans ce français qui lui tendait tant de pièges :

— Déjà revenue ! oh ! vous n’êtes pas demeurée longtemps dans le rêve…

— Il n’y a pas de rêve, Dina, fit Thérèse, il n’y a que de la vie.

— Il y a les deux, reprit Dina, et l’un meilleur que l’autre.

Et ses yeux de jais, se creusant, parurent sans fond dans son mince visage.

— Avez-vous au moins un peu travaillé en mon absence ? demanda la jeune femme, à qui son bonheur, sa fortune et sa cérébralité plus vigoureuse donnaient une supériorité sur la Russe.

— Beaucoup travaillé. J’ai revu en un mois tout mon premier tome de pathologie. Maintenant, je sais que je serai reçue au concours d’internat.

— Tiens, mais pourquoi pas ! fit Thérèse, incrédule.

Une agitation se propageait dans la salle, à l’approche de la visite. Par les grandes baies cintrées, pareilles à des fenêtres de chapelle, la lumière entrait largement. On parlait bas. Il y avait partout comme les apprêts d’un rite. Les malades avaient sur l’oreiller des dodelinements nerveux de la tête. Certaines procédaient à leur toilette. Les unes, assises, chuchotaient entre elles ; d’autres se plaignaient, comme impatientes d’une délivrance certaine. Et cette salle était,