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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/112

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princesses de science

en effet, presque un temple dont on attendait le prêtre.

Un à un, les externes arrivaient. Puis, parmi eux, l’on vit entrer la redingote noire d’un médecin. C’était Pautel, le jeune docteur de la rue Saint-Séverin, qui suivait assidûment la clinique d’Herlinge, voulant se spécialiser dans les maladies cardiaques. Toujours il était là un des premiers, et ses yeux, vacillants sous le lorgnon, cherchaient tout de suite dans la salle Dina Skaroff. Ils n’échangeaient pas un mot de toute la visite, mais Dina se sentait indéfiniment suivie par ces yeux indécis et illisibles dans cette figure maigre d’homme blond. Elle lui avait plu ; elle le savait. Mais, pauvre, seule, étrangère, perdue dans cet immense Paris dont elle ne connaissait rien, hormis cette salle d’hôpital et son restaurant de la rue Berthollet, — par contre, très instruite du tempérament français, qui effrayait sa nature un peu prude, — elle se dérobait et tremblait comme une chétive bête traquée.

Herlinge, ponctuel, entra, comme neuf heures sonnaient au coucou noir de la muraille blanche. Son visage parcheminé, aux yeux bleus, s’éclaira d’un sourire en retrouvant ici la présence de sa fille. Il lui lança un :

— Ton mari va bien, mignonne.

Et, tout de suite, traînant après lui sa cohorte de médecins et d’étudiants, il vint au premier lit. Mais il y eut vers Thérèse un mouvement de curio-