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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/134

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princesses de science

— Qu’as-tu, Pautel ? demanda Guéméné, égayé par le trouble où il voyait soudain ce garçon flegmatique, je ne te connaissais pas tant de mythologie !

— Je n’ai rien ; je suis très calme ; je n’ai jamais si bien su ce que je voulais : il en résulte une grande tranquillité d’esprit. J’ai résolu d’épouser une femme que j’aime. Quand on a pris un tel parti et qu’on voit nettement sa vie s’étendre devant soi, droite, bien tracée, tout atermoiement fini, toute incertitude disparue, eh bien, mon cher, on a l’état d’âme plutôt agréable.

— Surtout quand la femme est jolie ! dit Guéméné.

— Et qu’elle a les vertus de Dina ! ajouta Thérèse en éclatant de rire.

Pautel s’effara :

— Comment savez-vous ?

— Comment je sais, mon pauvre ami ! Mais ce n’est que trop clair : depuis que vous fréquentez le service, vous tournez sans cesse autour d’elle, vous n’avez d’yeux que pour ses bandeaux noirs, et on vous voit, quand elle s’écarte, rajuster, comme par un tic, votre binocle, pour suivre plus longtemps sa petite blouse blanche dans la salle.

L’air était tiède ; Guéméné proposa d’aller s’asseoir dans le square :

— Pautel va nous raconter ses amours.

— J’adore ces histoires-là, fit Thérèse, mais à quelle heure serai-je à l’hôpital ?