Page:Yver - Princesses de Science.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
princesses de science

tier, dépourvu de célébrité, elle avait immolé son nom glorieux, donné sa personne, son amour ; elle se sentait généreuse. Et puis, comme elle le chérissait tout en gardant sa personnalité entière ! Et avec plus d’abandon, elle s’appuya sur son bras en marchant,

— Cher Fernand ! murmura-t-elle avec délices.

— Comment trouves-tu mon oncle ? interrogea le jeune homme.

— Singulier et mystérieux, répondit-elle, c’est l’homme qui vit avec une morte.

Ils frôlaient la grille du musée de Cluny ; on apercevait son grand pan de maçonnerie gallo-romaine, puis l’abside gracieuse de la chapelle. Une verdure naissante commençait à garnir certains arbres, au milieu desquels des fragments gothiques, — arceaux, ogives éparses, frêles colonnettes aux astragales légères, — servaient de perchoirs à des moineaux bruyants.

— Bonjour, Guéméné !

Coiffé du haut de forme, svelte dans sa redingote longue étroitement boutonnée, Pautel était devant eux. Il sortait de sa clinique de la rue Saint-Séverin.

— J’ai à vous parler, dit-il quand il eut salué Thérèse ; c’est mon destin qui me jette sur votre passage. Peut-être madame Guéméné, en me rendant un grand service, va-t-elle prêter à ce destin une forme charmante. Ni plus ni moins, il s’agit de cela.