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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/139

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princesses de science

— C’est vrai, dit Pautel, qui les avait écoutés avec une docilité parfaite et d’un air converti ; mais, madame Guéméné, demandez donc tout de même à votre amie si, pour m’épouser, elle veut bien redevenir une femme d’autrefois.

Pautel était un homme du Nord, froid, réfléchi et insondable. Thérèse eut une pointe d’humeur devant cette obstination tranquille.

— Vous êtes buté, je le vois. Ne comptez pas sur moi pour plaider votre cause, mon pauvre ami ; ce n’est pas moi qui conseillerai à Dina une mauvaise action : or, ce que vous demandez est une mauvaise action.

Et, se levant, elle boutonna sa jaquette, rajusta ses gants pour partir ; et elle scandait fièrement, nerveuse et offensée :

— Une mauvaise action, vous entendez !

Guéméné sourit amoureusement en la regardant. Elle lui semblait une Minerve orgueilleuse et charmante, et si femme, toujours, dans ces colères puériles et irraisonnées ! Par un mouvement d’humeur, elle s’était écartée des deux hommes. Ceux-ci se levèrent, à leur tour. Guéméné, se retournant alors vers Pautel, le vit blêmir. Il en eut pitié et dit :

— Allons, vieux, du calme ! Qu’importent ces discussions ? Si elle t’aime, tout est gagné.

— Oui, mais si elle ne m’aime pas, je suis fichu.

— Écoutez, Pautel, dit Thérèse qui revint vers lui, un peu apaisée, je veux bien me résigner à la