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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/140

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princesses de science

démarche que vous attendez de moi, mais j’hésite à en prendre seule la responsabilité. Demain je ne dirai rien à Dina lors de la visite, je l’amènerai déjeuner chez nous, et c’est dans notre nid, dans l’atmosphère de notre foyer, de notre heureuse intimité conjugale, qu’elle apprendra votre amour, et quel sacrifice vous exigez d’elle.

Et, après une poignée de main de bonne camarade, elle le laissa rêver dans ce square où le pépiement des oiseaux devenait assourdissant. Elle s’en allait triomphante au bras de son jeune mari. Guéméné l’entendit murmurer tendrement, à la cadence de leur marche à deux :

— Oh ! Fernand ! Fernand ! merci des choses que tu as dites. Je vois enfin que tu m’as comprise. Ah ! je sais, moi, ce qu’est le bonheur !

Il la sentait frémir d’émotion à son bras, et elle marchait ainsi, ardente, vibrante et passionnée, vers l’hôpital sombre dont ils apercevaient maintenant le portique, de l’autre côté de l’eau. Elle réalisait bien l’idéal de la femme nouvelle. Le labeur cérébral n’était rien à son cœur ni à sa jeunesse. Cette étudiante, âpre au travail, demeurait la plus caressante des épouses, la plus câline. Quand ils eurent passé le Petit Pont, traversé le Parvis, ils se dirent adieu sur le seuil de l’hôpital. De la scène précédente, ils avaient gardé un peu de fièvre. Thérèse débordait de reconnaissance pour la chaude profession de foi de son mari. Tout à coup, dans un geste de passion mi-impulsif, mi-délibéré,