Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
princesses de science

tablier d’interne noué aux reins, accoudée aux balustrades de sa terrasse, elle regardait venir à elle celui qui l’aimait.

Le jeune médecin croyait modérer sa hâte et régler son pas : il courait presque en montant les étages. Il arriva ; elle se retourna, sourit et lui tendit la main. Il prononça, frémissant :

— Alors… c’est oui ?

— Attendez, attendez ! fit-elle en riant très loyalement. Je veux causer avec vous, il me faut vous connaître mieux : vous étiez pour moi jusqu’ici le meilleur des camarades, voici que vous m’apparaissez sous un aspect nouveau. Je suis moi même très troublée, je vous assure, très troublée…

On ne l’aurait pas dit. Sa fière beauté de brune, plus faite de noblesse que de grâce, ses yeux superbes, exprimaient le contentement puissant et serein de la femme qui se sait aimée. D’une main ferme, elle lissait, en un geste habituel, le casque de cheveux noirs qui lui prenait la nuque. Un duvet très fin naissait au coin de ses lèvres ; elle avait, dans l’épanouissement de ses vingt-cinq ans, l’air d’une reine.

Elle continua :

— Nous ne pouvons rester sur cette galerie : les malade y vont et viennent, et, par les portes vitrées, les infirmiers nous épieraient. Pour les choses graves que nous allons dire, mon petit laboratoire conviendra mieux, n’est-ce pas, Guéméné ?