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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/14

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princesses de science

ce monde le dévisageait, et il pénétra dans la cour centrale.

Elle s’allongeait princièrement, en terrasses successives, avec ses degrés de pierre, son gravier jaune, ses parterres fleuris, jusqu’au portique de la chapelle lointaine qui en ferme le fond. D’aériennes galeries à larges arcades, superposées d’étage en étage, l’enclosaient. Le docteur Guéméné leva la tête ; son visage s’illumina : il avait aperçu, à la balustrade de la troisième galerie, là-haut, une femme accoudée.

Guéméné aimait cette femme. Il le lui avait écrit la veille, sollicitant un entretien, la priant de l’attendre à cette terrasse si elle ne le repoussait pas.

C’était Thérèse Herlinge, l’interne du grand Herlinge de l’Institut, son propre père. Elle achevait à l’Hôtel-Dieu, sous la direction paternelle, ses études médicales. On y entourait de respect son mérite personnel et le nom qu’elle portait. D’ici Guéméné pouvait reconnaître sa taille mince et distinguer son chignon noir.

Alors un bien-être d’ivresse l’inonda. L’hôpital, avec ses galeries, ses colonnes, ses arcades, ses balcons, sa passerelle, sa théâtrale architecture, sa noble massivité, lui apparut comme le palais moderne convenant à cette moderne princesse de Science. Elle y régnait. Elle en était la châtelaine et, pareille aux nobles dames d’autrefois, mais serrée dans un fourreau de toile bise, avec son