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princesses de science

Il rassembla sa bande, lui fit saluer ces dames. Thérèse, en le quittant, dit en guise de consolation :

— Bah ! ils se portent bien et ils sont gentils…

Adeline était un homme de quarante-quatre ans, modeste, tranquille, résigné. Son linge fripé, la poussière que retenaient les bords de son chapeau, le mauvais état de ses vêtements, tout trahissait le désordre. Il subissait avec douceur son abandon, et, dans leur ménage désorganisé, c’était sa femme qu’il plaignait. Dina Skaroff restait rêveuse ; Thérèse prononça :

— Je ne m’explique pas la gêne dans laquelle ces Adeline semblent vivre, car enfin le mari et la femme possèdent chacun une situation…

Elles passaient le pont Saint-Louis. L’étroite façade du petit hôtel apparaissait derrière les arbres, avec la porte en cintre posée légèrement de biais dans l’alignement.

— Je suis contente, Dina, de vous montrer ma maison, dit Thérèse.

Dina songeait qu’un jour, à Pétersbourg, elle aussi aurait la sienne, des domestiques auxquels, comme Thérèse, elle confierait le soin de sa vie matérielle, et un cabinet de consultation où les dames de l’aristocratie entreraient avec déférence. Et même, comme madame Guéméné l’introduisait dans le petit salon du premier, aux claires tentures de perse, elle demanda :

— Faites-moi voir votre cabinet, voulez-vous ?