Page:Yver - Princesses de Science.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
princesses de science

Car elle se proposait de meubler le sien, là-bas, à la mode parisienne.

— Excusez-moi un instant, répondit Thérèse, il faut maintenant que je surveille mon déjeuner…

Elle affectait un grand souci de son ménage, comme en ont parfois les toutes jeunes mariées. Sa maison, de même que celle des Herlinge, se composait de trois domestiques : cuisinière, valet et femme de chambre. L’homme était Léon, qui servait déjà le docteur avant son mariage. Thérèse avait amené chez elle la cuisinière de ses parents, Rose, qui restait maîtresse absolue de l’organisation intérieure. La nécessité pour la jeune femme d’être avant neuf heures à l’hôpital lui ôtait tout loisir de donner des ordres le matin. Néanmoins, pour appuyer sa thèse de la compatibilité entre ses devoirs domestiques et ceux de sa profession, à peine revenue de l’Hôtel-Dieu, elle se rendait à la cuisine et se faisait dire les menus de la journée, à l’extrême contrariété de la vieille servante.

Ce jour-là, il y eut même un léger orage. Dina, qui attendait dans le petit salon mauve, en perçut les échos. Une minute plus tard, Thérèse revenait et, sans pouvoir dissimuler son mécontentement :

— Cette Rose est insupportable ; voici un déjeuner auquel mon mari ne goûtera pas ! On dirait qu’elle a choisi tout exprès les plats qu’il déteste le plus : des côtelettes à la purée d’oignons, — ce qui le ferait fuir, — de la langouste, — pour laquelle