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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/160

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princesses de science

lement, de parachever son développement, de suivre ses goûts, d’affirmer sa personnalité, enfin ? Doit-elle renoncer, mariée, à la vie que, jeune fille, elle avait conçue ?

— Cela fait bien des droits, répliqua la douce Dina, mais n’a-t-elle pas aussi des devoirs, la femme ? Moi, je lui en vois beaucoup, et, en me mariant, je les accepte tous et je les aime. Je crois que nous ne sommes point pareilles à l’homme ; nous ne sommes près de lui que des « assistantes », comme on dit en Russie ; toute notre raison d’être est là : l’aider à vivre, à être heureux…

— Des esclaves, alors ? fit Thérèse, boudeuse.

— Oh ! je n’emploie pas de si grands mots : je dis « épouse », tout simplement ; cela signifie que la femme qui porte ce titre s’est vouée à un homme. Dit-on : « vouée » ou « dévouée », en français, dans ce cas-là ?

Le docteur était fort agité :

— Mais, mademoiselle Skaroff, une femme-médecin peut être toute dévouée à son mari ! Je suis heureux pour Pautel de votre générosité ; il vous saura gré d’avoir déféré à son désir ; mais laissez-moi croire cependant que l’exercice de la médecine n’est pas pour empêcher la femme de remplir avec dévouement ses devoirs d’épouse.

Il n’avait pas achevé de parler que la porte se rouvrait pour le service ; mais ce ne fut point Léon qui entra. Rose, la vieille cuisinière, le bonnet en arrière découvrant ses bandeaux gris, grande,