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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/189

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princesses de science

Faculté ; elle en avait injecté à un joli lapin blanc ; elle s’en serait injecté à elle-même et, après cela, elle aurait pris la maladie, par inoculation, comme on se fait une piqûre d’éther, sans sourciller…

Boussard l’appuyait ; il émettait des arguments moins tapageurs, plus logiques, fondés sur les analyses sanguines ; il affirmait, avec certaines réserves, l’identité du terrain chez l’homme et le chimpanzé… Ses dires étayaient ceux de la jeune femme, donnaient à ce plaidoyer féminin des apparences de force. C’était le rêve de toute son adolescence que Thérèse réalisait : discuter avec les savants, les égaler dans le raisonnement, leur faire reconnaître et accepter sa personnalité.

Alors, encouragée, elle parla de sa thèse. Elle y avait sacrifié une jeune chatte dont elle se servait pour ses expériences de laboratoire. C’était, croyait-elle, un fait unique. Elle montra sa main griffée en plus d’un endroit ; elle avait de ces vanités de charmeuse de panthères ; on la félicita de sa bravoure. Et, comme elle voyait tous ces médecins captivés, elle raconta ses inoculations de scarlatine à des cobayes, à des rats, à des lapins : tous mouraient à intervalles différents, selon l’espèce ; la chatte avait survécu. Par un traumatisme habile, elle avait provoqué chez cette bête une lésion du cœur, une endocardite consécutive à la scarlatine. Depuis, elle essayait une thérapeutique nouvelle. Cela, c’était son secret.

Victorieusement, elle regardait Janivot. Oserait-