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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/193

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princesses de science

— Il suffit de n’être pas une brute, disait-il ; lorsqu’on peut abréger des souffrances, on n’y va pas par quatre chemins.

À son tour, Artout parla des avortements. En sa qualité d’accoucheur, il professait ce qu’on pourrait appeler la religion de l’enfantement. Pour lui, l’enfant représentait une puissance inviolable, l’humanité de demain. Ce vieux célibataire, à l’austérité proverbiale, apparaissait comme un créateur de vies, comme le prêtre de la fécondité, avec son geste coutumier de présenter, d’offrir à l’existence les nouveau-nés. Il voulait la pullulation de la race, l’humanité toujours plus grouillante, submergeant la terre. Et quand on lui demandait pourquoi, il répondait superbement :

— Il y a des lois secrètes qui dépassent notre raison.

Mais Pautel prétendait qu’à la mère il ne faut pas hésiter, le cas échéant, à sacrifier l’enfant, car la mère est aussi l’épouse, la créature accomplie, parachevée… Et il finit par discuter avec passion, ayant inconsciemment devant les yeux sa chère Dina qu’il savait enceinte.

Ensuite les médecins se racontèrent leurs souvenirs de jeunesse. L’oncle Guéméné, qui avait fait ses études à la Pitié, rappela des anecdotes. Alors chacun apporta la sienne. L’un après l’autre, les hôpitaux de Paris furent évoqués : Lariboisière, qui ressemble à une usine suburbaine ; Beaujon, triste et resserré dans le faubourg Saint-Honoré ;