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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/199

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princesses de science

études, l’avait conjuré, avec les plus tendres caresses, de lui accorder encore un délai : cette thèse la passionnait trop ; elle n’aurait jamais le courage d’en interrompre la préparation. Encore six semaines, et les expériences seraient terminées. À ce moment, elle achèverait ses observations cliniques. On pourrait alors songer à se reposer un peu.

Elle était si peu impérieuse, réclamait avec tant de douceur son droit au travail, qu’un scrupule prenait Guéméné. Il craignait d’être injuste envers Thérèse. Le respect dû à l’œuvre de cette femme d’exception dominait son viril appétit de commandement. D’ailleurs, il s’était déterminé à céder, tant que de graves raisons lui manqueraient pour revendiquer son autorité.

Juillet passa. Thérèse ne quittait plus guère maintenant son laboratoire de l’Hôtel-Dieu. Sa salle contenait quatre vieilles femmes qui servaient abondamment son étude sur les cœurs. L’une d’elles mourut. L’autopsie allait être merveilleuse. Thérèse la fit seule, avec un véritable enthousiasme. L’examen du cœur lésé fut très long. Elle dut envoyer un garçon de l’hôpital prévenir chez elle qu’elle déjeunerait à la salle de garde. L’état indescriptible où elle se trouvait alors, souillée de sang, des ongles jusqu’aux coudes, ne lui permit même pas d’écrire un mot à son mari.

Son laboratoire grouillait maintenant de bêtes de toutes sortes. Les souris blanches, sur une étagère