Page:Yver - Princesses de Science.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
princesses de science

grottes, dans les chemins creux, sur les routes même ; et les Crozonnaises, dont la coiffe est un réseau fin serrant les cheveux, s’arrêtaient au bord des fossés pour voir cheminer ce beau couple amoureux.

Mais, vers la fin, Thérèse fut prise d’une nostalgie de l’hôpital. L’idée de sa thèse l’obsédait comme une obligation qu’on n’a pas remplie. Elle se préoccupait de ses cultures, de ses études, de ses animaux. Qu’étaient devenus la chatte grise, le lapin blanc, les cobayes ?… Le premier octobre au matin, elle était à l’Hôtel-Dieu.

Alors commença pour elle une période de travail fiévreux, incessant. Au cours de sa dernière année d’internat, elle voulait acquérir toutes les connaissances que la pratique, dans les hôpitaux, peut donner à des étudiants sérieux ; et elle se résolut à changer de service. Elle alla chez Boussard, à la Charité. La distance qui sépare l’île Saint-Louis de la rue Jacob lui causa un surcroît de fatigue : le déjeuner à la maison dut être supprimé définitivement. Elle partait le matin, ne rentrait plus jamais que le soir. De plus, comme ses études bactériologiques nécessitaient des expériences sur les chiens, et que le laboratoire exigu du service de Boussard ne permettait pas d’y garder de si gros animaux, elle dut aller travailler à l’École. Le second jour, elle y rencontra son mari, dans l’escalier. Elle eut un cri de surprise :

— Que fais-tu ici ?