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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/210

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princesses de science

Et ce fut là, sur une marche du large escalier de l’École, que, badinement, dans la joie de cette apparition imprévue de sa femme, il lui révéla en quelques mots son secret. Le cas de Jourdeaux le préoccupait fort ; il voyait, lui, dans le cancer une infection. Il cherchait…

— Quoi ? demanda Thérèse, incrédule.

— N’importe, dit-il, si je trouve !

De ce jour, le hasard renouvela quelquefois leurs rencontres. Elles étaient brèves. Ils s’embrassaient entre deux fenêtres, furtivement, échangeaient quelques propos rapides, se séparaient, puis, à quelques mètres l’un de l’autre, se retournaient encore pour se sourire ; et leurs pas résonnaient sur le plancher des immenses vestibules nus. Elle se rendait aux salles de pathologie ; lui, à celles de thérapeutique.

La clinique de Boussard passionnait Thérèse. Cet homme insondable, marmoréen, acquérait, au lit des malades, une suave éloquence. La jeune femme ne croyait pas ignorer tant de choses qu’elle apprenait de lui sur l’art des diagnostics, choses non écrites dans les livres, toute une science inédite, personnelle, résultat de ses observations, de son propre génie médical, et qui, passant dans un élève bien préparé, faisait encore de celui-là un maître. Boussard reforgeait Thérèse, la préparait magistralement à la carrière. Elle se rendait chaque jour à son service avec la légèreté de cœur d’une femme qui court au plaisir.