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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/230

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princesses de science

Plusieurs fois la sonnette avait retenti. Les clients s’amassaient dans le salon d’attente. Cette proximité de sa clientèle communiquait à la doctoresse plus d’assurance et plus de domination : le sens de sa valeur. Et comme Artout lui citait une fois de plus l’exemple de Thérèse Guéméné devenue mère, alliant sa vie sentimentale, ses devoirs sociaux de femme et sa médecine, elle s’écria :

— Et le bébé, que va-t-il devenir ? Va-t-elle maintenant s’établir, exercer ? Le choix s’impose : ou ses malades, ou son enfant. Je ne comprends guère une jeune mère qui trotterait par les rues, du matin au soir. Impossible d’allaiter le petit, en tout cas. Voyez-vous un enfant chez moi, mon cher maître ? Cinq personnes attendent actuellement ma consultation ; je soigne en ville sept jeunes femmes, trois enfants ; je puis être demandée sans délai à l’autre bout de Paris ; demain je donne le chloroforme avec vous, rue Montaigne ; j’attends d’ici huit jours trois accouchements ; j’ai en cours des études bactériologiques très sérieuses, mon laboratoire me prend trois heures, chaque matinée ; je déjeune demain avenue Marigny ; après-demain j’ai un concert chez une jeune malade…

Et, ne pouvant retenir un rire de triomphe qui la faisait cependant moins orgueilleuse, plus femme :

— Vous voudriez que, par-dessus le marché, j’eusse des enfants !

Il se leva pour céder la place aux consultants, et, tendant la main à la jeune femme :