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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/237

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princesses de science

sultation, les lundi, mercredi et vendredi. Elle éprouvait une anxiété légère quand en approchait l’heure, craignait qu’il ne vînt personne, tremblait de ne pas réussir. L’affluence de malades qu’elle constatait chez son mari lui causait de l’envie. Quand les clients arrivaient, le valet de chambre posait la question :

— Le docteur ou la doctoresse ?

Quelquefois les malades, des femmes, venues pour Guéméné, se déterminaient soudain à la consulter, et passaient dans le cabinet de gauche au lieu d’entrer dans celui de droite.

Thérèse, radieuse alors, pensait :

« Une fatigue de moins pour mon pauvre Fernand !… »

Au fond, le fait d’enlever un cas à son mari la rendait glorieuse. D’ailleurs on se prit vite pour elle d’un certain engouement. Les femmes du monde trouvent assez « à la mode » d’avoir pour médecin une doctoresse. Celle-ci demeurera longtemps encore un être d’exception, un objet de curiosité. La réputation de madame Guéméné gagna la rive gauche ; elle eut des clientes rue de Varennes, rue de Bourgogne, et c’était un anachronisme vivant que cette jeune et moderne Princesse de Science franchissant le porche des vieux hôtels du faubourg, traversant la cour d’honneur des pompeuses maisons historiques de l’île Saint-Louis, pénétrant dans ces hautes chambres à trumeaux, là où vécurent, aimèrent et mou-