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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/236

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princesses de science

Une griserie saisit Thérèse. Ce titre de « docteur », qu’on lui donnait pour la première fois, lui causait un vertige. Voilà donc qu’elle tenait enfin ce prestige convoité depuis dix ans, le pouvoir de dire les mots qui navrent ou qui vivifient, l’autorité devant laquelle les plus fiers s’inclinent !

Les premières paroles qui marquèrent ses débuts furent un verdict apaisant qui tranquillisa la jeune femme. C’était d’un excellent augure. Elle était bonne, il lui fut doux de dissiper toute inquiétude chez sa cliente, de pouvoir dire :

— Ce n’est rien.

Mais il fallait commencer dès maintenant un traitement : elle écrivit une ordonnance. Elle se sentait l’égale d’Artout, de Boussard. Ayant recommandé le lit, elle promit d’aller voir sa nouvelle cliente tous les huit jours.

De ce moment, s’ouvrit sa brillante carrière de doctoresse. Une dame du voisinage lui amenait, deux jours plus tard, son enfant malade. Elle fut demandée dans les hôtels du quai d’Anjou. Boussard, qui était surmené, commença de lui passer quelques accouchements. Au bout de six semaines, sa première cliente, absolument rétablie, vint en compagnie de son mari la remercier ; les deux jeunes gens paraissaient pleins de joie. Thérèse jouissait de leur enthousiasme, de leur admiration pour sa science. On ne voulait plus qu’elle pour soigner les trois enfants.

Elle choisit trois jours par semaine pour sa con-