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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/247

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princesses de science

j’ai su, par des indiscrétions, que ce fut contre le gré de son mari… Or il se pourrait aujourd’hui que cette nourrice ne fût pas tout à fait étrangère à la maladie de l’enfant. Je l’ai confessée. Elle m’a avoué qu’étant très fatiguée, certains jours, elle calmait l’appétit vigoureux du bébé par du lait coupé d’eau. J’ai demandé si cette eau était bouillie : « Presque toujours », m’a-t-elle répondu. Ce « presque » en dit long… D’autre part, elle a nourri en province, il y a trois ans, un enfant qui est mort à treize mois d’une méningite tuberculeuse.

— Ah ! fit Boussard, comme plus attentif encore.

— Je le sais, mon cher maître, vous avez noté de ces cas inexpliqués d’infection due au lait de femme. Bref, le pauvre bébé — vous le pensez comme moi — ne peut guérir ; les malheureux parents ont perdu pour le moment toute faculté de diagnostic, ils ignoreront peut-être la vérité ; je crois un devoir d’humanité de la leur taire. Songez, en effet, au sujet de désaccord que deviendrait entre eux la mort de leur enfant, s’ils pouvaient l’imputer à cette nourrice ! Quel remords pour ma jeune confrère, quel reproche dans la douleur de son mari !… Évitons, voulez-vous ? qu’ils soupçonnent cette femme.

— Ils ne la soupçonneront pas, madame, et je vous remercie de la précaution que vous avez prise en m’en avertissant.

Et ce fut tout. Cérémonieux et impénétrables, ils retournèrent près de l’enfant malade. Le père et