Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
princesses de science

la mère souffraient en silence. Le bébé ne se plaignait plus. De temps à autre, un sanglot de Thérèse éclatait. Guéméné restait morne, les bras noués. Le docteur Boussard et madame Lancelevée, témoins de cette convulsion soudaine de douleur qui agitait ce ménage amoureux, songeaient tous deux au secret qui les unissait, et chacun d’eux savait qu’ils y songeaient ensemble. La théorie du célibat des doctoresses triomphait. Celle-ci avait imprudemment voulu allier sa maternité et sa profession masculine : le pauvre bébé mourait victime de cette présomption. Madame Lancelevée avait dit : « Entre son enfant et son métier il lui faudra choisir. » Aujourd’hui, elle regardait Boussard avec ce calme d’une femme qui déjà, en pensée, appartient à un homme ; et voici que devant eux se plaçait, comme un avertissement, comme une menace, le douloureux tableau de ces époux désespérés, qui justifiait d’avance son principe de l’amour sans contrat, sans famille…

Bientôt Herlinge, le grand-père, accourut. L’oncle Guéméné vint aussi. Et ils étaient là six médecins renommés, chercheurs, penseurs et savants, qui entouraient, impuissants, l’agonie du petit être.

Elle dura jusqu’au soir. Après quelques légers spasmes, il expira sur les genoux de sa mère, très doucement, comme une flamme qu’on souffle. La grand-mère, pour les soins funèbres, prit le petit cadavre. Fernand étouffa un gémissement. Thérèse, éperdue, lui tendit ses bras vides : il hésita