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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/26

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princesses de science

vous ignorez la répugnance physique à l’aspect de cette boucherie malodorante, tant le désir de voir, de savoir, de devenir médecin enfin, vous possède… Et vous vous étonnez, Thérèse, si, à l’idée que vous serez ma femme, je m’alarme de vous savoir dans l’âme cette passion souveraine, déformante, aveuglante ?

Mademoiselle Herlinge, pensive et attristée, repartit :

— Elle ne m’empêchera pas de vous aimer bien, Guéméné.

Il répliqua :

— Je voudrais cette tendresse de l’épouse qui s’est donnée toute à son mari, qui le réconforte, le calme, l’égaie ou le console, et reste toujours là, Thérèse, toujours… La tradition des épouses d’autrefois est bonne, elle est vraie, elle est naturelle. Tout ce qui rejette hors du foyer la vie de la femme est mauvais ; ou bien il faudrait remplacer la vieille théorie du mariage par je ne sais quelle formule de compagnonnage mixte…

Elle l’arrêta :

— Cette formule est précisément très belle, à mon sens, Guéméné. Associer deux êtres égaux, en même temps amants et amis, remédier, par un savoir et des fonctions identiques chez l’homme et chez la femme, aux malentendus conjugaux qui dérivaient jusqu’ici d’une disproportion intellectuelle, ne trouvez-vous pas cela louable et utile ?… Vous n’en êtes pas, je pense, à nier l’égalité des époux ?