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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/262

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princesses de science

— Ah ! dit-elle en se tordant les mains, tu ne m’aimes plus, mon pauvre Fernand !

Les sanglots la prirent ; elle tomba sur un siège proche, en se cachant le visage. Il s’émut à la voir, il s’attendrissait sur elle maintenant, sur la douleur qu’il lui causait. L’envie lui vint de rétracter ses paroles, de s’agenouiller devant elle. Puis il devina que ces larmes étaient encore une manifestation de son inflexibilité, qu’elle s’obstinerait, que demain elle recommencerait de s’écarter du foyer, lui de souffrir.

— Écoute, Thérèse, lui dit-il avec une fermeté passionnée, car il concevait en même temps de la rancune et de l’amour pour cette belle et fuyante compagne, écoute : Jourdeaux est mort ; le rêve qui me soutenait s’est évanoui. Certes la mort d’un de mes malades me consterne toujours et me déprime, et dix fois, vingt fois, je suis rentré ici le cœur serré sous cette espèce d’anathème que nous lancent les veuves, les mères ou les filles désolées quand nous n’avons pas fait le miracle de rendre à la santé un moribond. Tous les médecins connaissent cette heure pénible qui leur fait désirer plus fort leur maison, la vie intime, le contraste d’une joie succédant aux scènes d’horreur. Ainsi revenais-je vers toi, ces jours-là, affamé de ta présence, de ta gaieté sereine, de la douceur que tu pouvais me verser dans l’âme. Le plus souvent tu faisais toi-même tes visites, ou bien tes préoccupations professionnelles te reculaient très