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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/272

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princesses de science

— Non, non, pas un autre, répliqua-t-elle, vous chercherez encore, pour de nouveaux malades, vous trouverez.

Il avoua qu’il avait complètement abandonné ses travaux. Alors elle s’écria :

— Comment ! ce n’est pas possible ! Mais vous n’avez pas le droit de faire cela ! Vous possédez vraiment le génie du savant. Dieu a mis en vous ces belles facultés pour le bien des malades : c’est un grand devoir pour vous de les exercer ! Je sens que vous réussirez : j’en suis sûre. Je vois déjà ces milliers de misérables qui attendent leur salut de médecins pareils à vous, et à qui vous pouvez rendre le bonheur. Vous étiez peut-être à la porte de la vérité. Peut-être ne manquait-il à votre sérum qu’un rien pour agir contre cet affreux cancer. Oh ! docteur, il ne faut pas vous arrêter en route !

Il la laissait aller, trouvant très doux d’être réconforté de la sorte par cette simple femme dépourvue de toute science, qui ne comprenait même rien à ses travaux, et ne parlait avec tant de chaleur qu’à force de confiance en lui. Elle ne le convainquait pas, elle le berçait. Il jouissait de cette admiration, de cette foi, sans juger naïfs des propos dont il ne sentait que la ferveur.

— Et puis, finit-elle, ne nous abandonnez pas ! Depuis mon malheur, l’idée de l’hérédité de ce mal m’obsède… Dites-moi, est-ce que le petit n’est pas menacé ?