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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/291

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princesses de science

Il ne put s’empêcher de sourire, touché de cette sollicitude naïve qui lui causait un secret contentement ; et il serra la jolie main douce de la veuve en disant :

— Vous êtes une amie exquise ; vous m’avez choyé depuis quelque temps avec des raffinements qui m’ont rappelé mon enfance, ma maison, les douceurs maternelles, mes lointaines vacances. Mais c’est fini maintenant ; il me faut être brave, oublier les gâteaux fins, les fruits confits, les choses délicieuses que vous m’offriez, et courir la clientèle.

Il riait, mais elle demeurait triste.

— Ah ! dit-elle, j’aurais voulu…

Elle n’acheva pas, mais elle le regardait avec une compassion tendre. Elle pensait qu’il n’était pas heureux, que Thérèse ne le gâtait pas comme elle l’aurait dû… Elle ajouta seulement :

— Vous reviendrez nous voir quelquefois ?

Le petit André s’approcha :

— Oui, oui, tu reviendras, n’est-ce pas ?

Alors Guéméné s’attendrit. Son cœur se gonflait aux moindres mots de cet enfant. Positivement, il lui semblait qu’un jour son petit eût ressemblé à celui-ci, qui était si sage et si bon ! Et il l’enleva dans ses bras, le serra passionnément, et, brusquement, l’ayant posé à terre, partit, les yeux pleins de larmes.

Madame Jourdeaux reprit sa place de brodeuse, près de la fenêtre. Désormais les journées lui furent longues ; chaque après-midi, elle sortait deux