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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/292

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princesses de science

heures, pour promener son fils, mais les fins de jour lui paraissaient insipides. Elle aurait aimé travailler pour le docteur, ouvrer de ses mains quelque objet qui lui servît, mais que faire ? Elle ne connaissait même pas la maison de l’île Saint-Louis, elle ignorait ce qui pouvait y être utile.

Thérèse ne poursuivit pas ses études chez Boussard, à la Charité, ni chez Artout, à Beaujon. Ainsi pouvait-elle achever ses visites dans la matinée, et demeurer souvent à la maison après sa consultation. Ce sacrifice lui parut énorme. Elle le fit sentir à son mari plus d’une fois. Mais, comme des accouchements la réclamaient toujours, à n’importe quelle heure, et qu’elle continuait, malgré sa bonne volonté, d’être absente, tantôt le matin, tantôt le soir, tantôt la nuit, il ne s’estimait pas plus heureux. Elle en conçut une certaine amertume.

— À quoi bon me priver de tout ? disait-elle aigrement.

— Je ne sais pas de quoi tu te prives, ripostait Fernand. Mais je ne jouis guère de toi.

La vérité, c’est qu’il aurait fallu restreindre sa clientèle et qu’elle ne s’y pouvait résoudre. Rien ne lui était plus agréable que de s’implanter dans une famille, au lieu et place d’un confrère masculin. Alors elle triomphait. Son charme, sa beauté, sa grande application séduisaient les malades. Appelée près de Bébé, ou près de Madame, elle soignait bientôt Monsieur lui-même, et l’on ne voulait plus