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princesses de science

dont elle savait le prix en le promettant, accepté sous condition, marchandé et, au demeurant, refusé, un trouble lui vint, où la déception et le dépit avaient leur part.

— M’oublier, mon cher ? dit-elle d’une voix mal assurée. Voulez-vous parier que ce ne sera pas long ?

Il parut ne pas l’entendre. Sa poitrine se souleva d’un soupir puissant de tristesse, et, regardant la jeune fille avec les yeux éteints et sans vie de l’homme qui souffre :

— Alors… c’est fini ?…

En voyant ainsi torturé ce garçon, dont de communes études lui avaient donné une habitude ancienne et familière, qu’elle avait connu tant de mois égal, ponctuel, sensé, avec son intelligence droite, solide et un peu mystique de Breton, Thérèse eut l’instinctif regret de ce qu’elle perdait à laisser fuir un tel amour. Une minute, elle envisagea la possibilité de l’abnégation suprême. Des multiples satisfactions que la médecine donnait à son âme étrange elle eut une vision rapide. Puis il lui sembla que, privée tout d’un coup de ces satisfactions, elle demeurerait amoindrie, humiliée, une femme sans éclat, noyée dans le commun, mais prête à toutes les soumissions, libre d’appartenir sans réserve à un homme, à cet homme qui frémissait d’amour, là, devant elle.

À son tour, elle tardait à répondre. Guéméné se leva, murmurant :