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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/315

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princesses de science

— Ah ! monsieur Adeline !… oui, monsieur Adeline !…

Elle eut une réticence douloureuse ; elle ne voulait pas en dire davantage et baissa la tête en retenant ses larmes. Puis, relevant les yeux sur la jeune femme, avec un effort visible pour se ressaisir :

— Allons, assez causé de moi !… Soyez toujours gentille pour votre mari, ma petite, gâtez-le… Pautel m’a dit qu’il changeait depuis la mort de votre enfant. J’espère bien que vous allez vous en faire faire un autre, hein ?

Thérèse, habituée à ses grosses indiscrétions maladroites, sourit sans répondre : la doctoresse continua :

— Il faut des trucs pour retenir les hommes chez eux. Ils réclament un intérieur gai. Ils ont besoin que nous soyons là… Votre mari est pareil aux autres, allez ! Il serait diablement fier si vous faisiez ce qu’on a dit de vous. C’est Artout qui ne vous voyant plus le matin à Beaujon a lancé la nouvelle de votre retraite. Ah ! ma chère ! j’en étais contente pour Guéméné… et pour vous aussi.

Puis, lui serrant la main et lui désignant une haute maison de la vieille rue :

— J’ai un client qui m’attend là, un pauvre alcoolique qui ne me paiera jamais.

Et elle s’en alla, énergique et consciencieuse, faisant son métier sous le double aiguillon du besoin matériel et du devoir professionnel qui la stimulaient également, ponctuelle dans ses visites, en