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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/314

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princesses de science

— Mais nous, le corps médical, la médecine enfin !… Ça se dit partout. Si c’était vrai, ma chère, je vous en ferais un fameux compliment. Vous en avez les moyens, n’est-ce pas ? Votre mari est coté, le papa vous a mis dans la main une dot qui vous préserve de la visite à quarante sous, qui vous permet de rester tranquille chez vous, à regarder flamber vos bûches. Ah ! ma petite, j’ai quinze ans de plus que vous et le droit de parler : eh bien, si j’avais un conseil à vous donner, ça serait de le justifier, ce potin !

— Je n’ai aucune intention d’abandonner la médecine, dit Thérèse, un peu froide.

— Alors, c’est tant pis… Ah ! je voudrais être dans votre peau, ma chère. Par moments, ma pauvre tête éclate. C’est trop, c’est trop !… Je suis à bout de forces !…

Sur son large visage, une telle expression de lassitude apparut que Thérèse s’en émut :

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle affectueusement.

— Ah ! des embêtements chez moi… Je me tue… l’argent ne rentre pas… et puis, c’est le coulage… et des tracas qu’on ne peut pas dire. Ma fille Lucie, qui a quinze ans, a lu toute ma bibliothèque médicale. Les garçons font les paresseux : l’aîné a échoué au concours des bourses ; que vais-je en faire ? Est-ce que je peux m’en occuper ?

— Mais monsieur Adeline ? hasarda Thérèse.

La pauvre femme eut un grand geste de découragement, avec un ricanement cruel :