Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
303
princesses de science

Et, dans sa blouse blanche, l’œil rivé au microscope, il avait des sursauts, des tressaillements d’impuissance, devant l’algue entrevue, l’invincible ennemi.

Puis il préparait des réactions, combinait des sels, produisait, dans des éprouvettes, des effervescences, procédait au hasard, par tâtonnements. Parfois Boussard qui passait s’arrêtait un moment, le regardait faire ; sous le monocle, son œil gris avait un éclair ; il allait parler… Puis il continuait sa route, travaillant lui-même dans la salle voisine.

Un après-midi que Thérèse descendait à pied le boulevard Saint-Germain, assez préoccupée d’un enfant diphtérique dont elle venait de juger le cas fort alarmant, au coin de la rue de l’Ancienne-Comédie, madame Adeline qui sortait de chez elle, pressée, haletante, la reconnut et l’interpella :

— Que devenez-vous, grand Dieu, ma chère amie ! On ne vous voit plus nulle part.

— Je travaille, fit Thérèse, qui lui sembla grave et comme mûrie, dépourvue de cette juvénilité patricienne qu’elle avait, après le mariage, conservée si longtemps.

Madame Adeline ajouta, toujours brutale :

— Dites-moi, est-ce vrai, le bruit qui court, que vous nous lâchez ?

— Qui est-ce que je lâche ? interrogea Thérèse avec une reprise de sa fierté nerveuse.