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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/353

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princesses de science

dure fraîche du square de l’Archevêché s’épanouissait sous l’abside.

Thérèse s’interrogeait :

« Était-ce donc bien sûr que Fernand ne l’aimait plus ?… Était-ce même possible, quand elle le chérissait encore si fortement ! »

Elle se hâtait pour le rejoindre plus vite. Ayant franchi le pont, elle longeait maintenant les bâtiments bas et sinistres de la Morgue, dont le voisinage inquiétait peu son âme de médecin, familière des amphithéâtres, ignorante des sensibilités féminines. Des gens de l’Île, sur le pont Saint-Louis, la reconnurent et se dirent à l’oreille : « C’est la doctoresse du quai Bourbon. » Alors Thérèse, sous l’ombrage des peupliers d’Italie, aperçut sa maison. Et l’idée d’y retrouver Fernand, de le reprendre par des caresses, de le ressaisir en l’aimant mieux, lui gonfla le cœur, délicieusement.

— Monsieur est-il à table ? demanda-t-elle à la femme de chambre, dès l’arrivée.

— Monsieur n’est pas encore rentré, madame.

L’habitude de la visite quotidienne chez madame Jourdeaux était devenue impérieuse pour Guéméné. Il en attendait l’heure, tout le jour, dans une fièvre secrète, vivant avec l’inquiétude de ne pouvoir ménager son temps et ses visites médicales en vue de cette visite amoureuse. Il arrivait, avide de joies nouvelles, anxieux, passionné, ardent. Et il trouvait la douce femme brodant à la fenêtre, immua-