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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/352

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princesses de science

lumière. La Cité, qui s’effile sur les eaux comme la proue d’un navire, étalait ses façades grises du quai des Orfèvres. Bientôt apparut l’Hôtel-Dieu, et le cœur de Thérèse se serra au souvenir des fiançailles un peu tristes où elle s’était promise à Fernand si amoureux. La façade symétrique de Notre-Dame, rosée par le soleil couchant, striée par ses sculptures, ses colonnades régulières, décorée de sa grande rosace noire, fermait la perspective. Tout alentour, Thérèse remarqua le vol des premières hirondelles. Elles tournoyaient en bandes, fendant l’air de la double faucille de leurs petites ailes. On eût dit des oiseaux d’acier noir ; et le cri métallique qu’elles poussaient en se poursuivant complétait l’illusion. Thérèse songeait :

« Un jour, je traversais le Parvis avec Fernand, et, sur le seuil de l’hôpital, je l’ai embrassé. Nous sortions de chez l’oncle Guéméné ; il avait dit, en nous regardant tous deux : « Mes enfants, lorsqu’on est marié, il faut lier ses vies… »

Sous l’arche minuscule du Petit-Pont, la Seine roulait en ruban mince, encombrée de chalands où les mariniers vivent en tribus, faisant sécher leur linge qui claque au vent parmi les barriques et les madriers. Thérèse répétait rêveusement :

« Lier ses vies… »

La mince nef gothique de la cathédrale s’allongeait au bord de l’eau, soutenue par des contreforts et des arcs-boutants d’une pierre si blanchissante qu’elle ressemblait à du marbre vétuste. La ver-