Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
princesses de science

ment, elle ne lui avait jamais fait une offre, ne lui disant même pas — tant était sévère sa retenue délicate de femme — : « Revenez… Restez un peu plus… » Mais à cette demande, elle ne dissimula pas sa joie. Elle sonna pour qu’on mît un couvert de plus. Puis le petit André s’étant esquivé :

— Vous ne craignez pas que madame Guéméné ne vous attende longtemps, ce soir ?

— Je l’ai attendue assez souvent, moi ! fit-il avec un accent de rancune.

Puis, plus tristement encore, il ajouta :

— J’inventerai quelque chose, un dîner au restaurant entre deux visites urgentes… Mentir avec des mots, est-ce pire que de mentir avec des baisers !…

— Pauvre ami ! dit-elle avec une tendresse contenue.

Elle reprit son ouvrage, et ils restèrent muets, ne sachant que se dire.

Pendant qu’ils passaient à la salle à manger, le petit André s’approcha furtivement et glissa un papier roulé dans la poche de son grand ami. C’était une surprise qu’il lui préparait depuis trois jours, un beau devoir écrit avec soin, orné d’une dédicace, et noué d’un ruban rose. L’enfant resta tout tremblant de son acte d’audace. Pendant le reste de la soirée, il eut les yeux fixés sur cette poche où sans doute le grand ami porterait la main : alors on verrait bien son étonnement et son plaisir de trouver cela… Mais ce furent de vaines espérances. Le docteur ne s’aperçut de rien.