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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/364

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princesses de science

légèrement indisposé. Il a voulu me donner son devoir ; je l’ai gardé dans ma poche depuis ce jour-là.

— Mais, dit Thérèse dont la voix se faisait étrange, le devoir est daté d’aujourd’hui.

Effectivement, sous le doigt de sa femme qui soulignait les mots, il aperçut :

Mercredi, neuf mai.

Elle le pénétra de son beau regard loyal, droit, insoutenable. Elle ne comprenait rien encore, sinon qu’un mensonge avait été proféré par ce compagnon de sa vie, en qui elle croyait aveuglément.

— Eh bien, oui ! lança-t-il tout à coup, hardiment. Je me suis laissé, ce soir, retenir à dîner par madame Jourdeaux. J’étais très las ; un parfum de cuisine appétissante m’a tenté. Et, pour ne pas te peiner, j’ai menti, je t’ai fait croire que des nécessités m’avaient seules éloigné de toi. Pardonne-moi cette faute, et surtout cette lâcheté, les premières…

Les yeux de Thérèse s’assombrirent. Son visage s’altéra. Elle ne répondit rien, ne sachant encore que penser, étourdie par le choc de cette révélation obscure.

Et ce fut avec une sourde hostilité dans l’âme que, cette nuit-là, ils dormirent l’un près de l’autre.