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princesses de science

— Madame Jourdeaux n’est pour moi qu’une amie, au sens le plus pur du mot. Tu réclames la vérité, la voilà ; je te le dis sans serment, sans formule. Me crois-tu ?

— Oui, Fernand, je te crois. Mais je ne suis pas une petite fille qui se contente d’apparences… Je connais l’âme humaine, et je sais penser… Madame Jourdeaux est une femme simple mais loyale, que la consommation d’un amour malhonnête effrayerait… Elle se défend… Ton amie, ton amie… Voudrais-tu que moi j’eusse un ami qui ne fût pas toi ? un ami au sens le plus pur du mot, dis ?

Toute la révolte de l’épouse vibrait en elle. Ardente et fiévreuse, elle haletait, sans larmes, sans soupirs, souffrant plus qu’une autre femme, en raison même de sa supériorité.

Puis, craignant que les reproches ne vinssent aux lèvres de Fernand, qu’il ne rappelât le passé, le peu de zèle qu’elle avait apporté à la garde du foyer, elle se hâta de le prévenir :

— Tu es allé chercher une intimité au dehors ; une femme est entrée dans ta vie, possède ton cœur. Nous autres, nous distinguons moins que les hommes entre l’adultère de cœur et celui de chair. Ce qui est entre toi et madame Jourdeaux, je l’ignore, mais je le pressens ; c’est le leurre de l’amoureuse amitié. Fernand, je ne puis te le cacher, cette pensée suffit à me briser. Tu ne sais pas ce que je souffre ! Jamais je n’ai eu tant de mal…

Elle le vit quitter la fenêtre, elle le suivit ; ils se