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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/378

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princesses de science

comme cette femme. Il me faut la douceur d’une pareille souveraineté. » Et vraiment, ce jour-là, caressée par les yeux attendris de Fernand, l’esprit plein de souvenirs voluptueux, quand elle évaluait le don d’elle-même, la hauteur du sentiment qui les liait, la noblesse de leurs échanges affectueux, elle croyait égaler la morte. Mais tandis que le roman mystique et superbe de la belle « tantine » s’était épanoui dix années et se continuait miraculeusement au travers des ténèbres mortuaires, qu’était devenu le sien !

La porte s’ouvrit ; le veuf entra.

— Ma chère Thérèse, vous êtes gentille d’être venue me voir. Comment va Fernand ?

Dans sa détresse, elle avait pensé au refuge que seraient pour elle la bonté, la délicatesse, la magnifique expérience de ce cœur d’homme. L’oncle Guéméné chérissait Fernand. Elle avait pour lui ce penchant particulier, filial et doux, de certaines brus pour le père de celui qu’elles aiment. Puis elle le regardait avec respect, avec piété, comme la relique vivante de grandes choses passées, l’acteur fatigué d’un drame admirable. Et, dans cet instant, elle leva sur lui des yeux si désolés qu’il s’écria :

— Rien de nouveau ne vous amène ?… rien de mauvais, au moins ?

Elle dit tout bas :

— Si, un grand malheur. La fin de toute notre joie, de tout notre rêve.

Elle avait saisi dans ses mains gantées cette