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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/379

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princesses de science

main de vieil homme, osseuse et sèche, et s’y cramponnait nerveusement, comme si une toute-puissance y eût tenu qui pouvait la sauver. Et, les yeux clos, détournant son visage, elle disait encore :

— Écoutez-moi, je vais tout vous conter tout.

Jamais tant qu’à cette minute-là il ne s’était intéressé à cette jeune femme, charmante, si nouvelle pour lui, médecin comme lui, menant par son cerveau une vie semblable à la sienne, mais aussi lointaine cependant, aussi impénétrable et mystérieuse, aussi secrètement faible et impressionnable qu’une simple femme. L’imprévu, l’étrangeté de ce cas social l’avaient toujours un peu épouvanté. Et ce n’était pas sans inquiétude qu’il avait vu Fernand s’unir à une jeune fille aussi singulière. Il n’avait pas eu foi dans leur bonheur mal établi à son gré, et il épiait le jeune ménage d’un regard constant et anxieux. Il n’avait cependant pas présagé si prompte la catastrophe que Thérèse lui disait là, en phrases hachées, douloureuses, déchirantes.

Depuis longtemps, elle le sentait bien, Fernand ne trouvait plus de satisfaction auprès d’elle. C’était venu insensiblement, sans heurts, sans scènes. Il demeurait toujours bon comme par le passé, ne lui causait nulle peine, et son cœur s’éloignait d’elle doucement, sans secousse. Jamais elle ne l’aurait soupçonné. Elle était même naturellement si confiante, si peu ombrageuse, qu’elle souffrait sans s’alarmer. Et puis, l’autre soir, un