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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/380

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princesses de science

indice tout matériel l’avait rendue clairvoyante soudain : un feuillet de papier tombé de la poche de Fernand, glissé là par le petit garçon d’une cliente, avait témoigné d’une intimité indéniable entre son mari et cette jeune femme. Pour se disculper d’y être allé, il avait menti. Le mensonge, qu’elle avait percé à jour, disait, mieux que tout aveu, des relations clandestines qu’il ne pouvait confesser. L’idée qu’il fût l’amant d’une autre l’avait jetée, toute une semaine, dans un atroce désarroi. Jamais elle n’aurait cru qu’une âme humaine pût endurer de pareilles tempêtes ; jamais elle n’aurait imaginé ce tourment avilissant et mauvais de la jalousie. Et elle s’était tue par prudence, par sagesse, redoutant les entraînements physiques de la colère qui égare les plus fortes consciences. Et peu à peu, dans son esprit, s’était arrêtée l’idée de quitter Fernand, par dignité et aussi, hélas ! elle devait bien l’avouer, par vengeance. Mais hier ils s’étaient expliqués tous deux, et, dans ce rapprochement de leurs cœurs, ses dispositions avaient bien changé. Chose incompréhensible, elle aimait encore celui qui la faisait tant souffrir. La vie sans lui serait intolérable. Elle avait retrouvé, sans savoir encore si c’était dans sa tendresse ou dans sa raison, une indulgence pour la faiblesse de ce pauvre ami. D’ailleurs, ils avaient parlé loyalement, cette femme n’était pas la maîtresse de Fernand. Hélas ! cette délicatesse dans leur sentiment n’était pas rassurante. Elle témoi-