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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/398

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princesses de science

Les petites bénévoles ouvraient de grands yeux à ce coup de théâtre ; les médecins se prenaient de sympathie pour cette belle doctoresse métamorphosée à leurs regards en simple femme ; les étudiants murmuraient, dans leur « rosserie » amusante :

— Le médecin s’évanouit, la clientèle demeure…

Thérèse jugeait suffisant l’effet qu’elle avait voulu, par une coquetterie dernière, produire en plein hôpital : elle se retira, non sans souhaiter bonne chance à la vieille princesse de science, redevenue « candidate » une fois de plus. Tout le monde demeurait un peu troublé de la scène. On entendit le pas de la doctoresse se perdre dans le corridor d’en bas.

Thérèse avait puisé à l’Hôtel-Dieu une persuasion plus forte, plus joyeuse de son devoir. Elle eut vite fait de rentrer chez elle. Elle tremblait d’une allégresse intérieure en songeant à ce qui se passerait bientôt entre elle et Fernand, quand il saurait tout. À peine arrivée, elle s’assit à sa table de travail, pressée de donner une forme extérieure à son sacrifice en écrivant les adresses de ses circulaires. À dénombrer ainsi toute sa clientèle, le sens lui venait plus puissant de ce qu’elle immolait à son amour. Ce travail lui fut doux.

Fernand rentra vers onze heures du laboratoire et demanda sa femme. Les domestiques répondirent que Madame travaillait dans son cabinet. Il ouvrit