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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/399

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princesses de science

la porte. Thérèse éprouva l’une des plus vives émotions de sa vie. Elle se retourna vers son mari. Celui-ci disait :

— Thérèse, j’ai voulu te prévenir que je ne déjeunerai pas ici. On m’appelle en consultation à Saint-Cloud. Je pars.

Il paraissait nerveux, préoccupé, agité. Thérèse défaillait presque. Elle lui fit un signe, et, d’une voix tout altérée :

— Viens, viens voir ce que je fais.

Elle eut, à ce moment, l’intuition nette qu’il était possédé par l’image de « l’autre », qu’il lui échappait définitivement, qu’elle devait tenter l’assaut suprême.

Son mot de mauvaise humeur la blessa cruellement :

— Quoi ? Je suis pressé, tu sais…

Il s’approcha cependant, se pencha sur la table de travail, vit ces centaines de papiers épars, ne comprit pas tout d’abord. Alors, prenant une circulaire, elle la lui mit sous les yeux et il lut :

Le Docteur Thérèse Guéméné a l’honneur d’informer M… que, pour des raisons de santé, elle cesse d’exercer la médecine…

Il ne dit rien, resta là immobile, debout, comme hypnotisé par la feuille volante qui tremblait légèrement dans sa main. Thérèse haletait. Elle affermit sa voix pour demander :