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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/400

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princesses de science

— Eh bien ! mon ami, es-tu content ? dis-le-moi. Ce que tu désirais est fait…

Elle le vit pâlir, et il demeurait silencieux, les traits contractés, avec cette feuille de papier entre les doigts. Il n’exprimait nulle joie, nulle satisfaction. Il était seulement atterré et se raidissait contre une crispation de tout son être.

— Mais parle-moi ! s’écria Thérèse. Tu sais maintenant à quel point je t’aime : c’est comme si j’arrachais un peu de moi-même pour te le donner ; je ne suis plus rien dans la vie, rien que ta femme, je suis à toi toute, enfin.

— Ma pauvre Thérèse ! dit-il péniblement, ma pauvre Thérèse ! je suis effrayé de ce que je t’ai fait faire… Il ne fallait pas… non, non, il ne fallait pas ! c’est un crime !… Tu aimais tant ton métier, tu y trouvais tant de plaisir ! Cette profession te donnait ta personnalité supérieure, intangible, dont on devait respecter l’intégrité. Ah ! pourquoi as-tu fait cela !

Thérèse se redressa, frémissante :

— Pourquoi ? s’écria-t-elle, tu me demandes pourquoi !… Tu ne comprends pas !

— Si, ma bonne Thérèse, je te comprends, je te remercie ; mais… vois-tu… j’ai une vraie épouvante à penser que tu brises ta vie pour moi. Il aurait mieux valu, je crois… Enfin, je crains que tu ne regrettes… je ne voudrais pas faire ton malheur…

— Ainsi, dit-elle en le regardant, pleine d’une indicible tristesse, c’est tout ce que tu trouves à