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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/401

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princesses de science

me dire ! Tu ne m’aimes plus, tu donnes ton cœur à une autre femme, tu m’offenses mortellement, et moi, je ne cesse pas de te chérir, je me repens des petites peines que je t’ai causées, et, par amour, je me dépouille de ce qui m’était le plus cher, je me voue à toi exclusivement, je te jure de renoncer à tout pour n’exister plus désormais qu’en vue de ton bonheur, et, quand tu me vois toute saignante encore du sacrifice, tu dis : « Ce n’était pas la peine !… » Oh ! Fernand !

Les sanglots la prirent ; elle retomba, le visage dans ses mains, sur sa table de travail. Voilà donc quelle était sa récompense ! Que lui demeurait-il maintenant ?

Fernand se penchait sur elle, avec cette commisération affectueuse qui était une telle injure à l’amour passionné de la jeune femme. Il l’appelait doucement :

— Thérèse, ma bonne Thérèse, je suis très touché, je t’assure, très touché… console-toi…

Elle pleurait comme il n’aurait pas cru que cette fière créature fût capable de pleurer. Tout son corps secoué de sanglots disait sa détresse. Elle n’était plus qu’une figure de désespoir, de douleur. Fernand la contemplait, le cœur serré, plein de pitié et aussi de rancune pour ce sacrifice trop tard accompli qui ne servait plus à rien, sinon à lui donner un rôle méprisable. Et, pendant qu’il considérait ce lamentable spectacle de l’épouse humiliée, brisée, convulsée, l’image rayonnante