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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/405

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princesses de science

bait encore ? Et là, soudain, à table, il fit ce rêve d’être ici chez lui, et que c’était sa vraie femme qu’il contemplait amoureusement, si gracieuse, si bonne, si aimante !

Après le repas, elle lui proposa de retourner au salon.

— Je n’aime pas ce salon cérémonieux, dit-il, et, puisqu’il me reste, avant mes visites de l’après-midi, un court moment à passer avec vous, permettez que ce soit dans votre chambre, que je connais, que j’aime pour son intimité.

La gouvernante étant venue chercher le petit André pour sa leçon, ils demeurèrent seuls près de la table à ouvrage. À travers la mousseline des rideaux, on voyait les murailles de la cour intérieure régulièrement percées par les fenêtres des cuisines. Une traînée oblique de soleil en avivait la blancheur crayeuse. Sur la commode, la pendulette marquait deux heures. Son tic tac résonnait seul par la chambre. Madame Jourdeaux avait orné la pièce de roses mousse et de roses thé, devinant que son ami, sans doute, choisirait de demeurer ici. Elle voulut prendre sa broderie. Mais Guéméné dit impérieusement :

— Non, non, ne travaillez pas !

Elle trouva exquis de se soumettre, et laissa retomber son ouvrage.

— Donnez-moi votre main, dit-il encore.

Cette main était grasse et jolie ; quelques pierreries étincelaient à l’annulaire. Guéméné la baisa, la caressa longuement. Puis il l’appuya sur ses