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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/407

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princesses de science

— Mais cette autre m’a détaché d’elle par son égoïsme, par sa dureté, par son orgueil : elle s’est retirée de moi ; elle a élevé, de son chef, une barrière entre nos âmes… Alors je suis condamné à traîner jusqu’au bout cette existence sans amour, lié à une femme que je n’aime pas ! Car c’est vous que j’aime, mon amie, et depuis si longtemps que l’aveu m’en étouffe ! Je me demande quelle timidité m’a toujours retenu de vous le dire, quand nous le savions si bien tous les deux.

— Ah ! fit-elle, les yeux clos, dans une béatitude profonde, je le savais oui, je le savais ; mais c’est si doux de l’entendre !

— Alors, continua-t-il en se rapprochant d’elle, que je sente encore votre chère main sur mon front, et vos lèvres ; que j’entende les mots de tendresse qu’on ne me donne plus…

— Fernand ! Fernand ! supplia-t-elle, je crains de faire mal…

— L’amour est beau, lui dit-il en la prenant entre ses bras, l’amour est saint. Soyez cette mère jeune et adorable qui guérit tous les chagrins, soyez l’amie absolue, sans aucune arrière-pensée, sans réticence. Voyez comme je vous aime entièrement !

Et, cédant enfin, elle lui donna les premiers baisers de passion qu’elle eût jamais connus. D’ailleurs, ce ne fut qu’une étreinte brève. Elle se ressaisit et sa conscience timorée s’alarma :

— Partez, maintenant ! Vous reviendrez de-