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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/410

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princesses de science

tait plus qu’une mince jeune femme aux yeux très tristes, sans arrogance, sans dédain, sans reproches, sans haine.

Un peu timidement, elles s’abordèrent, se pénétrant l’une l’autre avant d’échanger une parole. Et l’attitude de Thérèse apaisa la tendre femme.

— Vous avez voulu me voir, madame ?

— J’ai eu besoin de vous voir, rectifia Thérèse avec un accent de telle loyauté, un désir si évident de sincérité, que madame Jourdeaux pressentit dès lors le ton que prendrait l’entretien.

Mais, encore une fois, elles se regardèrent avec défiance, en femmes ennemies dont la mesure et la réserve ne tiennent qu’à la courtoisie.

Leur commune élévation de cœur, sinon de cerveau, les faisait égales, dignes l’une de l’autre. Bien plus, elles se ressemblaient : de même stature, de même taille, avec des robes que la mode de la saison faisait identiques.

Thérèse enfin parla :

— On a dû vous dire, madame, que j’étais une femme orgueilleuse et fière, une femme froide, égoïste et dure. Puisque je vous estime assez pour être venue vous trouver aujourd’hui, je veux que vous m’estimiez aussi, que vous me connaissiez et me jugiez. Je ne suis pas une femme orgueilleuse, mais une femme qui souffre. Je vous sais bonne ; et je suis venue vous demander votre aide dans un grand malheur qui me frappe.