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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/52

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princesses de science

veuf, sans détacher les yeux du visage endormi qu’il aimait ; tant que je l’ai là, devant moi, je ne me sens pas souffrir. Il ne m’est pas possible de concevoir ce qui va se passer… après.

— Ah ! pauvre, pauvre tantine ! pourquoi vous en être allée ! s’écria tout à coup le jeune homme dont les nerfs exaspérés ne surent plus maîtriser l’émotion.

Et, tressaillant tout à coup, à une intuition plus nette de la mort, il s’écarta du lit, le poing au front, tout crispé, secoué de spasmes, pendant que le mari, morne et comme inconscient, reprenait, dans son amoureux orgueil :

— La pauvre amie n’était pas seulement belle ; elle était devant moi pareille à une lumière, elle était mon soleil. Comment une simple femme peut-elle détenir de tels rayons de vie pour qui l’approche ?… Mais n’était-elle qu’une femme ? Combien en ai-je vu qui n’avaient, de ma pauvre amie, que l’apparence ! Jamais une autre, tu entends, jamais une autre ne méritera d’être comparée à celle-là !

Et il ne pleurait pas, mais il contemplait amoureusement la morte ; et celle qui jadis s’émouvait avec délices aux tendres propos de son mari demeurait sourde et insensible.

Il continua :

— Elle était plus douce encore qu’on ne l’a su, car le mal la torturait, et moi qui connaissais de son âme les plus subtils secrets, j’ignorais toujours