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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/66

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princesses de science

jusqu’à la cuisine. Le bonheur, chez elle, était paisible, uniforme, fait de bien-être. Thérèse, avec le sens inconscient de sa propre valeur, l’appelait toujours : « la pauvre maman ». Pourtant, lorsque Guéméné en lui avouant son amour vint troubler la paix de la jeune fille, à sa mère seule elle confia ce roman, le taisant à son père dont elle craignait le blâme.

Madame Herlinge avait approuvé le refus de sa fille en cette circonstance, mais pour des raisons qui n’eussent point inspiré Thérèse : il existait à ses yeux trop de différence entre un Herlinge et cet obscur Guéméné, simple médecin de quartier, pour que la fille de l’un épousât l’autre. D’ailleurs, la célèbre madame Lancelevée, jeune encore, avait repoussé tous les partis pour se consacrer à son art ; il ne paraissait pas illogique à madame Herlinge que Thérèse imitât la grande doctoresse.

Tout concourait ainsi à l’apaisement moral de la jeune fille, car, outre l’assentiment maternel, les circonstances lui offraient un réconfort jusque dans son métier. Quatre nouveaux cas venaient d’être introduits dans sa salle, qui intéressaient plus particulièrement ses études sur les maladies cardiaques : une double lésion aortique et mitrale, qu’elle avait diagnostiquée du premier coup, au seul aspect de la malade, — une jeune femme au faciès terreux et angoissé, — deux endocardites infectieuses, et enfin, en quatrième lieu, des troubles cardiaques si complexes, chez une vieille