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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/69

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princesses de science

se pressaient les médecins en redingotes noires, tenant tous leur haut de forme du même geste ; la sœur du service était reléguée par cette foule au lit voisin ; et le docteur Herlinge, la main gauche passée dans la ceinture de son tablier blanc, la toque noire un peu en arrière sur son épaisse chevelure grise, l’œil acéré sous le lorgnon, décrivait, en phrases brèves, la déformation anatomique du cœur lésé.

Dans le silence religieux de la salle, où vibrait seule la parole du clinicien, un bruit de bottines retentit : les têtes se retournèrent vers la porte, et l’on vit arriver, de son pas indolent et balancé, achevant de boutonner sa blouse, la petite externe russe Dina Skaroff, toujours en retard. Herlinge cessa de parler, fixa sur elle son regard aigu et sévère. Il n’aimait point que tous les externes ne l’eussent pas précédé à la visite. Elle rougit.

Le maître reprit son explication ; puis à brûle-pourpoint :

— Mademoiselle Skaroff, dites-moi quels bruits vous entendez là.

À se voir interrogée devant tout le monde, Dina rougit encore davantage. Madame Lancelevée lui passa le stéthoscope. La jeune fille écouta une seconde, plus palpitante que la malade, puis, timidement, hasarda :

— J’entends un souffle extra-cardiaque.

— Eh bien, Vous y êtes en plein ! s’écria Herlinge, éclatant de rire. Un souffle extra-cardia-