Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
princesses de science

phies, se trouvait un groupe d’internes dans le fond duquel on reconnaissait, revêtue de sa blouse, Thérèse Herlinge.

— Pourquoi conserver ce souvenir excitant ? prononça-t-il à mi-voix, dans une apparence de grand calme.

Et, tranquillement, saisissant le carton, il le mit en morceaux. Un à un, les fragments tombèrent. Il les poussa du pied jusque dans la cheminée. Puis, tirant méthodiquement une allumette de sa boîte, il la coula tout enflammée sous les débris de l’image. Alors, se raidissant, il ouvrit la porte de la salle d’attente pour introduire la première malade. C’était une bouchère rhumatisante, qui lui montra sa main sèche, déformée par les douleurs. Il voulut prendre et palper ces phalanges enflées et tordues, mais un tel tremblement agitait ses doigts qu’il ne put étudier la déformation articulaire. Il fit un violent effort pour réprimer sa nervosité : ce fut en vain. Et, au moment de rédiger en ordonnance le régime alimentaire qu’il prescrivait à l’arthritique, voici que sa plume impuissante se refusait à former les mots. Il lui fallut une réaction de toute sa volonté pour achever d’écrire.

La cliente partie, il se précipita vers le foyer, fouilla les cendres. Qu’avait-il fait ! Pourquoi donc avoir détruit ce cher visage qui, depuis des mois, dans un tête-à-tête mystique, rompait sa solitude, qui lui souriait finement, comme une autre Thérèse plus pitoyable, consentant à demeurer sa