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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/86

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princesses de science

Et la voiture fila devant lui, le laissant là si désemparé qu’il demeura, quelques secondes, immobile. Puis, dans la crise morale qu’il traversait, l’idée d’une marche au grand air le séduisit tout à coup. Le trajet, pour revenir chez lui à travers le quartier du Temple, n’était pas considérable : il résolut de rentrer à pied.

Déjà il s’était engagé dans l’avenue de la République, où la pente douce et longue, la descente sans fatigue, donnaient à son pas un mouvement berceur qui endormait son mal. Les tramways de la banlieue parisienne glissaient avec fracas sous le fil électrique, et les étincelles bleues crépitant sur les rails amusaient la douleur du jeune homme. Soudain il vit une femme cheminant près de lui : c’était Thérèse. Elle aussi descendait à pied, seule. Leur trajet était le même. Il hésita. Il y eut, dans l’allure de la jeune fille, un ralentissement ; ce fut, chez tous les deux, la même indécision.

Brusquement, Fernand salua, quitta le trottoir, et sauta dans un tramway en marche.

Quand il arriva chez lui, une heure sonnait à Notre-Dame. Son domestique l’avertit que le déjeuner était servi, et que trois clientes l’attendaient.

— Merci, dit-il, j’ai pris mon repas en route.

Et il passa tout de suite dans son cabinet.

Sur la table de travail, parmi d’autres photogra-